L’art contemporain est-il pour « la plupart des gens »? C’est la question simple que pose Alessandra MONACHESI RIBEIRO en préliminaire de sa démarche tendant à la diffusion de l’art contemporain depuis la commune rurale de CALCE, dans les Pyrénées-Orientales (Sud de France).
Son projet repose notamment sur une première exposition en 2020, sur le thème : « Paysages liquides : entre l’art et le terroir ».
Aussitôt, une question surgit en moi, parce que la juxtaposition des mots « paysages » et « liquides » me paraît ambitieuse voire absconde…
Que sont des paysages liquides ?
Le titre de cette première exposition est-il fait pour « la plupart des gens » ?
Ce titre est-il suffisamment proche d’eux? N’est-il pas intimidant ?
L’affaire n’est pas simple, et je me sens moi-même déjà un peu perdue…
Dans son acception courante, le paysage est, selon la définition qu’en donne le dictionnaire Larousse « l’étendue spatiale, naturelle ou transformée par l’homme, qui présente une certaine identité visuelle ou fonctionnelle.» C’est également la vue d’ensemble de la nature que l’on a d’un point donné.
C’est tout ce qu’il y a de plus concret et de plus tangible, et chacun d’entre nous a ainsi une perception naturelle de la notion de paysage. Ça, c’est du solide !
Mais qu’est-ce donc alors qu’un paysage liquide ? Selon les traditionnelles règles de grammaire, l’adjectif (liquide en l’espèce), qualifie le nom (ici, paysage).
Ce qui est liquide, tel un fluide, tend à couler. Parce qu’il est de faible consistance, liquide renvoit aux adjectifs flottant, fluctuant, insaisissable, inconsistant.
Le paysage pourrait-il couler à la manière d’un fluide ?
Le paysage pourrait t-il se mettre à niveau, sans que notre œil ne perçoive plus de distinction de formes et de matière ?
Est-ce bien là le thème de la première exposition du projet 3C: Calce Culture Contemporaine où il est question de permettre aux ruraux et aux enfants de s’approprier l’art contemporain ? Le pourraient-ils sans s’interroger ? Y compris sur leur propre légitimité à s’interroger sur un tel sujet ?
Se peut-il que mon esprit citadin perturbé par la juxtaposition de termes antinomiques ait peine à appréhender la proposition dans sa globalité et fasse fi de la suite : « Paysages liquides : entre l’art et le terroir » ?
L’art et le terroir me semblent être des notions familières même si je n’en mesure pas nécessairement toute la complexité… Mais un paysage liquide, que cela peut-il être? La question obsède et me met hors de moi, c’est à dire en dehors de moi-même… Plus précisément, le sentiment d’étrangeté qu’elle provoque en moi provient d’un rattachement impossible à toute pensée cartésienne. Impossible en fait de me raccrocher à quelque chose de logique! Les travaux de Luc Bigé, docteur en biochimie, écrivain et symboliste, viennent à mon secours. Ils portent sur la complémentarité entre l’approche scientifique et l’approche symbolique du réel. Il met en lumière « la force du symbolique », et explique que les voix de la compréhension sont multiples… Celles de la connaissance le sont tout autant.
C’est décidé ! Si je ne puis aborder la notion de « paysages liquides » par la voie de la raison, je l’aborderai par la voie symbolique, tel l’ alpiniste qui explore la montagne sacrée par sa face Nord !
Et vous ?
Finalement, cette notion de « paysage liquide » qui nous paraît complexe et illogique avec nos regards d adultes (oeilleres de la connaissance), est tres simple pour un enfant. Quand j ai dit à ma fille de 4 ans « que t evoque la paysage liquide » elle a dit « la mer » et mon fils de 6 ans « un paysage quand on y va on coule, mais ça n existe pas c est imaginaire ». Et l art ne parle t il pas à notre imaginaire, en tout cas il me tarde de découvrir ce qui se cache derrière ce drôle de nom dans ce lieu atypique au milieu d un terroir viticole intéressant.
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J’adore! Les enfants ont tout compris. Comme quoi l’art n’est pas toujours inaccessible sauf lorsqu’on le rend hermétique. Merci pour ton commentaire et à très bientôt.
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