Artistes en route avec 3C et l’IAC

L’association 3C : Calce Culture Contemporaine, forte de ses 4 ans d’expérience en résidences artistiques sur notre territoire, prévoit dans son programme l’inclusion des séjours de formation ainsi que des projets de facilitation de la mobilité des artistes, par le biais de la réalisation de séjours de résidence à l’étranger.

C’est dans ce cadre que nous proposons, à partir de l’année 2023 que, chaque année, les artistes ayant réalisé une résidence chez nous l’année précédente et étant des artistes résidants en Région Occitanie, qu’ils intègrent un séjour de résidence de recherche dans un centre d’art contemporain partenaire à l’étranger.

Les objectifs de ce séjour de recherche à l’étranger sont:

– Donner aux artistes vivant dans les territoires éloignés des grands centres de la Région Occitanie, qui auront participé à une de nos résidences artistiques, l’opportunité d’amener plus loin leur travail de recherche tout comme les résultats de ladite résidence à travers un séjour de résidence artistique supplémentaire dans un centre d’art contemporain réputé d’un pays étranger.

– Créer l’occasion d’une rencontre et d’une mise en réseau des artistes avec le réseau local d’art contemporain d’une grande ville, dans laquelle l’art contemporain et ses acteurs sont reconnus par la qualité et le sérieux de leurs actions, étant une référence mondiale dans le milieu artistique contemporain.

– Participer à la construction des conditions de travail et d’insertion les plus adaptées aux exigences d’appartenance au circuit de l’art contemporain pour ces artistes, afin de contribuer à la promotion de l’égalité d’opportunités lorsqu’ils vivent ou travaillent sur des territoires périphériques. Cela peut créer des conditions de perfectionnement et d’insertion pour les artistes concernés, tout comme des retombées directes sur leur travail et sur leur parcours artistique.

C’est l’IAC – Instituto de Arte Contemporânea – à São Paulo, au Brésil qui reçoit les artistes chez eux en 2023 pour un séjour de recherche dans leurs archives, bien comme de présentation, d’accompagnement critique et de discussion de leur travail dans le cadre de leur réseau d’artistes, de centres spécialisés et de critiques d’art.

L’Instituto de Arte Contemporânea de São Paulo a été fondé pour préserver et rendre accessible à la recherche une importante archive de documents -80 000 à ce jour- relatifs à la démarche et au travail d’artistes visuels brésiliens.

Entre octobre et décembre 2023, Kati GAUSMANN – de la résidence LINIE – et l’artiste Amandine LASA feront la première expérience de ce projet de mobilité artistique du partenariat entre 3C et l’IAC. Les artistes seront accueillies par l’équipe de l’institut et elles auront accès aux archives de l’IAC afin d’y effectuer leur recherche . De même, elles seront accompagnées tout le long de leur séjour par une critique d’art et commissaire d’exposition, Juliana Monachesi, référence du projet à São Paulo, qui organisera une discussion autour de leurs projets artistiques, et de leurs recherches pendant la résidence, ainsi que des rencontres avec d’autres critiques, galeries et artistes.

L’IAC, en plus de l’accueil des artistes, facilitera l’échange avec leur équipe, tout comme la diffusion de leur présence dans leurs réseaux et sur le média local. De même, ils organiseront une présentation publique de la recherche des artistes la dernière semaine de résidence. En ce moment, elles disposeront d’un espace pour montrer leur travail et leurs pistes d’investigation, ainsi que pour recevoir le public général et le public spécialisé afin de leur parler des résultats de leurs recherches.

Les artistes

Née à Paris, Amandine Lasa vit et travaille dans l’Hérault.

Outre son association avec le « MCS Crew », où elle pratique le graffiti, l’artiste est diplômée en langue et littérature des civilisations étrangères. Fascinée par la relation entre la pensée et le langage, entre l’esprit, la main et la matière, elle suit une formation d’ébéniste et ouvre son propre atelier en 2005.

Sa pratique artistique s’articule autour d’une réflexion sur la matière, ses états et ce que nous en percevons, questionnement induit notamment par sa première activité de menuisière-conceptrice.

Le travail du bois, entre autres, nécessite une approche spécifique, une écoute particulière qui permet de deviner les multiples tempéraments de la matière. Vient ensuite l’envie de capter le dialogue qui s’instaure à travers des gestes répétés des milliers de fois, des sentiments quotidiens et des intuitions naissantes, afin de les retranscrire par la suite.

Depuis 2014, la relation entre l’esprit et la matière occupe la quasi totalité de son travail. Elle a entamé une série de dessins qui se poursuit encore aujourd’hui. Pour ces dessins, qu’elle réunit sous le titre Matière Noire / Matière Grise, elle utilise un outil unique : un feutre fin. Grâce à la technique des « 3 points/seconde », les matières et les formes émergent dans un martèlement mécanique qui produit une succession de points.

Les créations d’Amandine Lasa reflètent cette immersion dans un univers où les trames internes et externes s’entremêlent subtilement, soulignant les traces laissées par le contact avec le « réel ». Interrogeant leur unité réciproque dans l’espace et le temps, une infinité de points appliqués au feutre fin sont autant d’instants disséminés sur le papier. Un matériau alternatif émerge, instable et éphémère face au temps.

« Mon travail s’articule autour de la représentation graphique d’une matière subjective, avec un espace entre chaque point, une suspension, un saut vers… ».

Amandine LASA a été l’artiste sélectionnée pour la résidence Habit’Art : Maury, qui s’est déroulée en mai 2022 dans le village de Maury, dans le sud de la France. Elle y a travaillé sur un projet qui met en relation la situation géologique de la vallée de l’Agly, où se situe le territoire du Fenouillèdes, et la langue occitane, parlée dans la région dans l’Antiquité. Une articulation entre les mots et le terrain caillouteux et aride, matérialisée dans ses dessins point par point et dans la création de volumes.

Pendant son séjour, l’artiste a également travaillé avec le public, coordonnant des ateliers ouverts à tous les intéressés, des présentations de son processus de résidence à Maury, Calce et au Musée d’art moderne de Collioure, ainsi qu’un travail d’atelier avec des élèves de l’école primaire de Maury.

Le résultat de cette résidence sera exposé dans l’exposition collective organisée par 3C entre octobre 2023 et janvier 2024 au Palais des Rois de Majorque à Perpignan, France.

Kati Gausmann est une chasseuse de mouvements, du petit va-et-vient des feuilles d’arbres bercées par les vents aux grands mouvements géologiques des plaques tectoniques qui ont défini la terre sur laquelle nous marchons pendant de longues périodes de temps impensables.

« Je suis fascinée par les processus géologiques et par le peu de conscience que nous avons des mouvements de la Terre dans lesquels nous sommes inévitablement impliqués. Ma recherche consiste à suivre cette activité. Je veux comprendre l’interaction du temps et de l’espace : l’activité dans son ensemble, comment elle se développe, et moi dans ma capacité humaine.

Mon approche artistique est axée sur le processus. Elle combine le dessin, la sculpture, l’installation et la performance ».

Kati Gausmann explore les relations spatiales et temporelles des mouvements de la Terre et les traces laissées dans les formes et les structures du paysage.

L’artiste a participé à la résidence LINIE : corps / paysage. Rencontres du dessin contemporain, qu’elle a réalisée en duo avec l’artiste française Muriel VALAT-B sous l’égide des résidences d’artistes 3C en novembre et décembre 2021, dans le village de Planèzes, dans le sud de la France. à ce moment, elle a travaillé sur l’articulation entre dessin et paysage, en prenant comme fil conducteur le mouvement du vent local, la Tramontane, et en le traduisant par des gestes nés de la projection de centaines de photos par minute sur les supports de dessin. Parallèlement, toujours à la recherche de cette captation du temps et du mouvement, l’artiste a travaillé à partir d’empreintes de pierres et de roches trouvées sur place, guidée par son intérêt pour les longues périodes qui apparaissent dans les formations géologiques.

Pendant son séjour, Kati Gausmann a également travaillé avec le public, coordonnant des ateliers de dessin ouverts à tous et des présentations de son processus de résidence à Planèzes et à Calce. Ce travail a été approfondi lors d’une seconde résidence à Berlin en 2022 au Kulturwerk des bbk, un centre de formation d’artistes où elle s’est formée à la sérigraphie avec Muriel Valat-B pendant un mois.

Le résultat de cette résidence sera exposé dans l’exposition collective organisée par 3C entre octobre 2023 et janvier 2024 au Palais des Rois de Majorque à Perpignan, France.